__Sur le Lockheed-Martin XF-35

Le XF-35 est un chasseur-bombardier VTOL furtif mis au point par la firme Lockheed-Martin dans le cadre de la compétition du Joint Strike Fighter. Deux démonstrateurs ont été construits en 1996 et 1998, avec la participation conjointe de British Aerospace et du US Defense Department. Nommés respectivement X-35A et X-35B, ces appareils veulent incarner les besoins polyvalents de l'US Air Force, de l'US Navy, de l'USMC, de la RAF, et Royal Navy, ainsi que des aviations australiennes, canadiennes, italiennes, israéliennes et allemandes. Les enjeux commerciaux et lucratifs sont énormes pour Lockheed-Martin.

Essai en surplace du XF-35

L'appareil cherche à combiner plusieurs avantages: prix réduit, petite taille, furtivité, avionique avancée, système d'armes intégré et, surtout, une propulsion vectorielle qui lui permet de décoller et atterrir verticalement – tout comme les AV-8B Harrier et Yak-38 – grâce à l'expérience cumulée par la firme British Aerospace dans la technologie VTOL. Il s'agit d'un appareil entièrement conçu par ordinateur via des équipes d'ingénieurs qui échangent leurs données en temps réel de part et d'autre de l'Atlantique. L'appareil est fabriqué d'alliages légers et contient une forte proportion de résine de carbone polie – ou epoxy – reconnue à la fois pour sa solidité, légèreté, et pour dévier certaines ondes radar. La voilure trapézoïde rappelle celle du F-22, et angulaire à 35x15x25 degrés. Les deux X-35 ont chacun deux jeux de commandes électriques indépendantes (fly-by-wire) assistées par ordinateur.

La différence entre le prototype X-35A et B, et que le second possède des ailes repliables et un crochet d'appontage pour usage aéronaval. Le X-35A est destiné à être basé à terre et possède un plus grand réservoir interne.

Instruments de vol

L'avionique de bord est de même conception que celle du F-22 et possède toutes les composantes électroniques présentes dans les autres appareils de l'USAF. Le tableau de bord comprend un grand écran LCD de 8x20 pouces sur lequel est intégré tous les instruments de bord mis au point par la firme Kaiser, ainsi qu'un écran-casque jumelé. Le pilote pourra, s'il le désire, avoir une représentation tridimensionnelle de l'environnement de combat dans son écran-casque. Quelques instruments de bord analogiques Meggitt sont présents sous l'écran LCD. La firme Northrop-Grumman produit la circuiterie intégrée du tableau de bord, avec ses fonctions multimode, tandis que les firmes Litton et Sanders produisent l'équipement de contre-mesures électroniques à bas prix. Le radar multi-missions MIRFS/MFA a également été conçu par Northrop-Grumman, et il possède la particularité d'intégrer et de synchroniser les communications et les contre-mesures. Le X-35 peut utiliser à la fois la transmission vocale, la télémétrie, et le "datalink" via l'Internet pour envoyer et recevoir des informations aux autres appareils, satellites, navires et bases. L'ordinateur de vol ICP est produit par Lockheed-Martin. Les pointeurs laser et GPS sont fabriqués par Marietta.

Systèmes

Les cockpits du X-35A et B sont identiques, quoique le second soit légèrement plus petit. Le pilote pourra se fier à la fiabilité du siège éjectable britannique Martin-Baker. La firme Smith Industries produit tout le câblage électrique du fuselage et des ailes, ainsi que les batteries et générateurs. La verrière en bulle est fabriquée par TRW Aeronautical Industries, et possède une bonne visibilité. Le système de commandes de vol fly-by-wire incorpore les capteurs/transmetteurs Parker Hannifin au logiciel de l'ordinateur ICP à partir de 1998 – ce qui simplifie le jeu d'instructions électroniques. L'appareil dispose d'un train d'atterrissage tricycle très costaud pour appontages sur porte-avions. Le X-35B possède un crochet pour la catapulte et l'appontage. Les deux X-35 ont un embout pour le ravitaillement en vol; le X-35A le loge sur son fuselage dorsal et le X-35B sur le côté droit avant de ce dernier.

Propulsion

La particularité essentielle du X-35 est son système de propulsion VTOL révolutionnaire qui utilise un turboréacteur à double flux arrière avec tuyère orientable, couplé à un autre turboréacteur à double flux vertical situé derrière le cockpit par un arbre moteur. Les ingénieurs de Lockheed-Martin n'étaient pas tous d'accord pour adopter ce système, car ils risquaient de perdre leur pari de mettre au point leur X-35 dans les délais prévus pour le programme JSF. Ces derniers prirent le risque et ils réussirent à le mettre au point juste à temps pour présenter le X-35 aux fonctionnaires du Pentagone.

L'ensemble des composantes de propulsion du XF-35

Le turbofan retenu par l'US Air Force et l'US Navy est le nouveau Pratt & Whitney JSF119-PW-611. La tuyère vectorielle a été conçue par British Aerospace et Rolls-Royce et elle permet de concentrer toute la puissance du turboréacteur vers le bas lors d'un décollage ou d'un atterrissage vertical – soit 15,000 livres de poussée. Les manœuvres VTOL sont assistées par l'autre turboréacteur à double flux Rolls-Royce de 18,000 livres de poussée qui aspire l'air tantôt vers le haut (pour atterrir) ou vers le bas (pour décoller). En fait, il agit comme un compresseur auxiliaire comme le démontre le clip ci-bas.

Le système de propulsion VTOL du XF-35

La synchronisation des deux turboréacteurs dépend de l'arbre moteur qui les relient entre eux, ce qui, de l'avis de plusieurs ingénieurs, introduit un élément de fragilité: tout bri ou désalignement prématuré de l'arbre amènera la panne des moteurs et la perte de l'appareil. En revanche, le X-32 de Boeing – compétiteur direct du X-35 – utilise un système de propulsion proche de celui du AV-8B qui est moins coûteux à produire et à entretenir.

Armement

Nous savons que l'US Air Force et l'US Navy vont monter le canon-mitrailleur Mauser Bk de 27mm sur leurs éventuels XF-35. L'USMC et les Britanniques envisagent une installation externe optionnelle dans le cas de certaines missions.

Canon-mitrailleur Mauser BK de 27mm

Tout comme le F-22 Raptor, le XF-35 portera son armement en soute afin de réduire la traînée et la signature radar. Il sera muni de deux missiles AIM-120 AMRAAM américains ou Meteor britanniques, ainsi que deux bombes (guidées ou non) de 1000 lbs chacune. L'appareil possède également des conteneurs de leurres IR et de paillettes. Le XF-35 peut également porter pour une tonne supplémentaire de bombes ou roquettes par la fixation optionnelle de deux pylônes sous les ailes pour des missions qui n'exigent pas la furtivité. Cependant, son autonomie de vol sera réduite de près de la moitié.

La bombe GBU-31 ou JDAM guidée par GPS sera portée par le XF-35

Lorsque le XF-35 décollera de façon conventionnelle ou par un décollage raccourci, son autonomie sera le double de celle des Harriers. En revanche, elle sera identique à ce dernier lors d'un décollage et atterrissage vertical.

Mission et tests

La mission du XF-35 sera de remplacer tous les F-16, F-18D, F-4E, Tornado ADV et GR, ainsi que les Jaguars – ce qui lui permettra de devenir le nouveau chasseur de base de l'USAF et de plusieurs autres pays. Les premiers tests ont prouvé que le XF-35 peut passer rapidement en mode supersonique sans trop consommer de carburant. La tenue de vol semble excellente, si l'on se fie aux rapports préliminaires du Pentagone. Le XF-35 est très agile et maniable. En 2002, le US Defense Department retient officiellement le XF-35 comme son nouveau chasseur de base, ce qui signifie d'énormes contrats pour la firme Lockheed-Martin. L'appareil portera officiellement l'appellation F-35.

Essai en vol du F-35A

L'US Air Force adopte le F-35A à tuyère conventionnelle (ci-haut), tandis que l'US Navy et l'USMC adoptent le F-35B avec tuyères vectorielles. L'US Air Force ne s'intéresse pas à la poussée vectorielle et préfère réduire sensiblement ses coûts unitaires en misant sur la maniabilité et la vitesse. Cependant, la performance en vol des deux prototypes est à peu près identique. Entre 2003 et 2007, les F-35A et B subiront de très nombreux tests pour évaluer ses capacités électroniques pour la détection de cibles au sol et dans les airs. La dernière étape sera les tests conduits sur porte-avions. Le F-35 sera, probablement, le dernier avion de chasse piloté mis au point par l'industrie américaine.

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